
Souvent on s’attache aux héros des livres. Parfois non, soit par manque d’affinités, soit parce que le personnage est mal construit. Et puis il y a Léon Sadorski…
Paris sous l’Occupation allemande. L’inspecteur Sadorski travaille pour la Préfecture de police. Et on peut dire qu’il a tout pour plaire : collabo, antisémite, acceptant des pots de vins de personnes juives pour mieux les faire arrêter ensuite. Mais quand il se retrouve arrêté par la Gestapo et envoyé à Berlin pour y être détenu, c’est tout son petit univers qui va voler en éclat. « L’affaire Léon Sadorski » est un livre très documenté, peut être même trop parfois, ce qui contribue à le faire démarrer sur un rythme assez lent et conventionnel. Malgré tout, on de plaît (façon de parler 😉) à suivre le quotidien de l’inspecteur Sadorski et à mesurer toute la bassesse et l’ignominie du personnage. L’intrigue en tant que telle est relativement basique mais le livre vaut surtout pour la peinture très fine des mœurs et du mode de pensée d’une partie de la population française. Celle-ci, aveuglée par le sens du devoir accompli, l’obéissance aux supérieurs et la haine de l’autre (qu’il soit juif et/ou étranger) se laissera entraîner dans une collaboration plus ou moins active avec l’occupant.
Un ouvrage très intéressant, à la croisée du roman historique, du polar et du documentaire historique. Je n’ai pas encore lu les autres tomes de la série, mais je me demande déjà comment le personnage de Sadorski va évoluer, notamment avec la perspective de la Libération.
Vous avez aimé ? Seconde guerre mondiale + polar ? Évidemment je suis obligé de répondre Philip Kerr !
« L’affaire Léon Sadorski », Romain Slocombe., Points, 480 pages.
