« Le grand Elysium Hôtel », Thimothy Findley

Voici typiquement le genre de livres qui vous fait réaliser, si besoin était, à quel point les librairies sont importantes et à quel point elles nous manquent en ce moment. J’étais entré dans une des librairies de mon quartier sans livre particulier à acheter et après avoir bien flâné, je suis tombé sur celui-ci, dont l’auteur me saisit quelque chose mais vers lequel je ne serais pas allé naturellement, notamment si j’avais dû faire des achats sur internet.

A la fin de la seconde guerre mondiale, nous suivons Hugh Mauberley, un écrivain d’origine américaine qui s’est fait l’apôtre du fascisme. Fuyant à la fois les troupes alliées et allemandes, il se retrouve dans un hôtel abandonné des Alpes autrichiennes. Là, il va entreprendre de graver sur les murs son histoire depuis les années 1920. On y croisera beaucoup d’acteurs majeurs de l’époque, hommes politiques, écrivains et surtout le duc et la duchesse de Windsor, tous ensemble au coeur d’une vaste conspiration aux ramifications tentaculaires. Et en filigramme ce récit nous éclaire sur la personnalité, la place et le rôle de Mauberley dans cet écheveau.

J’ai eu une sensation mitigée en parcourant le livre. L’idée d’utiliser les évènements et personnages historiques en y ajoutant une dimension (et des personnages) fictionnel(les) pour revisiter l’histoire est très intéressante et alléchante dans sa dimension histoire alternative. Néanmoins, on passe tout le livre à essayer de raccrocher les wagons, et notamment de comprendre en quoi réside le fameux méta-complot. Et à titre personnel, l’architecture du roman m’a perturbé dans le sens où l’essentiel a donc été écrit par Mauberley sur les murs mais concerne des évènements auxquels il n’a pas assisté et qui semblent trop détaillés et précis pour lui avoir été simplement racontés par autrui. Comment pourrait-il disposer d’autant de détails du coup ? Le roman, par ailleurs très bien écrit, demande dès lors de suspendre son incrédulité pour se laisser porter par la plume de l’auteur.

Au final, qui est donc Mauberley ? Et essayer de la comprendre est-ce déjà commencer à l’excuser ou à lui pardonner ses écrits et ses actes ? Pour répondre à ces questions passionnantes, il ne vous reste plus qu’à vous plonger dans « Le grand Elysium Hotel » !

Vous avez aimé ? Continuez votre exploration de l’univers de Thimothy Findley avec « Guerres », qui traite magnifiquement de la première guerre mondiale.

« Le grand Elysium Hôtel », Thimothy Findley, 10/18, 540 pages.

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