
Je ne sais pas vous, mais quand je termine un livre volumineux ou très prenant, j’ai du mal à enchaîner directement sur un autre pavé. Souvent, il me faut ce que j’ai coutume d’appeler un livre « de transition », généralement un livre plutôt court, qui me permette ensuite de repartir vers d’autres horizons littéraires. C’est exactement pour ça que j’ai lu ce livre, juste après avoir dévoré ‘Les fidélités successives ». Départ pour l’Irlande rurale. Là, une petite fille d’une famille nombreuse ayant des problèmes d’argent est confiée le temps d’un été à un couple de fermiers, les Kinsella, afin de soulager sa mère, qui est sur le point d’accoucher. Sur place, cette petite fille sensible et en manque flagrant d’affection va apprivoiser ce couple qu’elle ne connait pas et qui cache un douloureux secret, prendre ses marques et finalement découvrir le bonheur d’être aimée.
Avec 80 pages au compteur, « Les trois lumières » se situe entre le court roman et la longue nouvelle. L’écriture de Claire Keegan est pleine de tendresse et de simplicité, fine et délicate, nous faisant ressentir et partager les émotions contradictoires ressenties par cette petite fille. D’abord abandonnée par son père chez les Kinsella sans un au revoir, sans une affaire et sans même savoir pour combien de temps elle est là. D’abord clairement, et logiquement, totalement déboussolée, elle va petit à petit trouver des repères en partageant le quotidien des fermiers. L’auteur retranscrit très bien ce milieu rural où rien ne se dit et où tout se suggère, se devine. Cela s’opère aussi bien pour les soucis traversés par les parents de la petite fille (alcoolisme, jeu, problèmes d’argent…) que pour le traumatisme subi par les Kinsella qui ont perdu leur fils quelques années auparavant. Finalement, ces trois personnages se sont bien trouvés !
En bref, un court roman très émouvant, plein de poésie et de sensibilité, qui dévoile une large palette d’émotions et de sentiments avec beaucoup de finesse et de délicatesse.
Vous avez aimé ? Poursuivez votre exploration de la littérature irlandaise avec « Dans la forêt » Edna O’Brien !
« Les trois lumières », Claire Keegan, 10/18, 87 pages.
