« Hôtel Lutetia », Pierre Assouline

J’hésitais un peu pour savoir de quel livre de Pierre Assouline j’allais bien pouvoir vous parler. Et puis entre « Le portrait », « Sigmaringen » et « Hôtel Lutetia » (entre autres), je dois avouer que j’ai un peu choisi la facilité avec ce livre clé en main niveau photo !

« Hôtel Lutetia » nous fait suivre Edouard Kiefer, ancien policier des Renseignements Généraux, détective chargé de la sécurité du célèbre palace et de ses clients. De 1938 à 1945, de la drôle de la guerre à l’occupation et au retour des déportés en France, c’est un pan de l’histoire que l’on voit défiler dans l’univers feutré et tout en clair-obscur de l’hôtel. Avec en filigramme une question, jusqu’où peut-on aller sans trahir sa conscience pendant cette période si compliquée ?

Avec « Hôtel Lutetia », on a vraiment l’impression de s’immerger totalement dans l’univers du célèbre palace. Pierre Assouline a effectué un gros travail de recherche, notamment concernant le retour des déportés. Cela aboutit à cet ensemble si réussi dans lequel la trame romanesque et ses personnages de fiction évoluent dans un cadre historique très rigoureux et exact. Le personnage d’Edouard Kiefer est très intéressant à suivre, détective aussi discret que très bien informé. L’intrigue sera l’occasion de mettre en évidence ses ambiguïtés, sa lâcheté et son engagement presque à son corps défendant. Au final, il constitue l’incarnation même de l’hôtel Lutetia, balloté du déshonneur de l’occupation, avec son lot de trafics et de collaboration, à la rédemption à la libération en devant centre d’accueil et d’hébergement pour les déportés.

Un roman historique passionnant, qui mêle petite et grande histoire pour nous faire découvrir l’âme et le cœur de ce lieu mythique qu’est le Lutetia.

Vous avez aimé ? Parmi les livres publiés par Pierre Assouline, je vous conseille « Le dernier des Camondo », à le fois récit historique retraçant l’épopée de cette famille emblématique d’une époque et méditation sur la solitude d’un homme abandonné par sa femme et inconsolé de la mort de son fils.

« Hôtel Lutetia », Pierre Assouline, Gallimard, 462 pages.

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