« Ennemi public n°1 », Alvin Karpis

Quatrième et dernier livre reçu dans le cadre des explorateurs de la Rentrée Littéraire 2020 de Lecteurs.com. Et il est temps de se lancer dans l’autobiographie du premier ennemi public numéro un de l’histoire américaine. 

Départ pour les Etats-Unis dans les années 1930. Sur fond de grande dépression suite au krach boursier de 1929, Albin Karpis, né au Canada de parents lituaniens, se sent très vite attiré par le vice, l’aventure et l’argent facile. C’est donc assez naturellement qu’il va se diriger vers une carrière de hors-la-loi. De participations à des coups en séjours en prison, il va faire ses preuves et petit à petit grimper les échelons. De simple exécutant, il va ainsi se retrouver chef du gang Karpis-Barker. Celui-ci va sévir pendant cinq années, entre braquages, attaques à main armée et enlèvements. Traqué sans relâche par les autorités, fédérales notamment, Alvin Karpis aura ainsi l’insigne honneur d’être qualifié d’Ennemi public n°1. 

Je me suis laissé happer par cette vie de cavale dont l’issue apparait rapidement irrémédiable (la prison ou la mort) et qui donne l’impression de lire un vrai polar. En essayant toujours de garder en mémoire que tout (sous réserve d’exactitude de l’auteur) est vrai dans cette histoire. Le livre m’a laissé une impression étrange, un peu amère. En effet, Alvin Karpis y retrace son parcours depuis son enfance jusqu’à son arrestation de manière purement objective et circonstanciée. Mais sans jamais sembler exprimer le moindre remord ou le moindre regret vis à vis de tout ce qu’il a accompli, notamment toutes les vies qu’il a laissé, directement ou indirectement, derrière lui. Comme d’autres seraient avocats ou journalistes, lui a opté pour la carrière de hors-la-loi et semble voir ce métier comme n’importe quel autre. 

Avec lui, c’est toute une page de l’histoire américaine qui se tourne. Le monde des bandits de grand chemin braqueurs de banques poursuivi par les shérifs, dans le prolongement de la conquête de l’Ouest, s’achève définitivement. Cela s’explique par l’évolution et la modernisation des moyens qui leurs sont opposés, avec notamment la montée en puissance de la police fédérale sous la houlette de J. Edgar Hoover. Mais aussi faute de participants, si l’on peut dire, car comme l’auteur le reconnait lui-même, « La plupart des grands caïds du crime se trouvaient au repos dans deux endroits : la prison ou le cimetière. »
Au final, une lecture qui m’a fait revivre une période charnière de l’histoire américaine en immersion avec un ennemi public numéro 1 qui assume totalement sa place et son rôle.

Vous avez aimé ? Il est alors temps de retourner en France avec l’autobiographie de « notre » ennemi public numéro : « L’instinct de mort » de Jacques Mesrine.

« Ennemi public n°1 », Alvin Karpis , La Manufacture de livres, 344 pages.

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