« Le tour du monde du roi Zibeline », Jean-Christophe Rufin

Je vous avais déjà parlé dans ma chronique de « Un fauteuil sur la Seine » d’Amin Malouf de ma grand-mère dont j’étais le principal pourvoyeur de livres, l’un de ses derniers plaisirs, dans sa maison de retraite. Plusieurs fois, emballée comme elle l’était par l’écriture de Jean-Christophe Rufin, elle m’avait poussé à la découvrir à mon tour. Ce que je n’avais pas fait. Peut-être a-t-il fallu qu’elle ne soit plus là pour me le conseiller pour que je saute enfin le pas !


« Le tour du monde du roi Zibeline » nous raconte l’histoire authentique d’Auguste Benjowski, jeune noble né en Hongrie et nourri par son précepteur français des idées des philosophes des Lumières. Tour à tour officier dans l’armée, prisonnier exilé en Sibérie, navigateur au long cours et chef d’expédition au nom du roi Louis XV, il va connaître un destin pour le moins singulier. Devenu roi de Madagascar, il combattra pour lui conférer son unité et son indépendance.


Que d’aventures ! Et dire que ce n’est qu’en lisant la postface de l’auteur que j’ai enfin pris conscience qu’Auguste Benjowski avait réellement existé et que tout ce qui est raconté dans le livre était vrai ! Ma grand-mère qui admirait la plume de Jean-Christophe Rufin avait raison. Elle est très agréable à suivre, à la fois pleine de finesse et d’érudition mais aussi très fluide. L’intrigue, elle, est réelle fascinante avec des tonalités voltairiennes, en particulier dans le rapport aux autres civilisations, qui correspond finalement aux idées de ce 18ème siècle qu’a traversé Benjowski. L’alternance des points de vue entre Auguste et Aphanasie, sa compagne, vient dynamiser la narration du livre. Elle permet en outre de retracer leur double parcours mais aussi de faire ressortir leurs sensibilités et leurs préoccupations propres face aux évènements qu’ils ont vécu tous les deux en commun.


Un mélange très intéressant d’histoire, d’aventures, de réflexions philosophiques et de considérations politiques dans la veine de « L’abyssin » et de « Sauver Ispahan », du même auteur, que je vous invite à lire, si ce n’est pas déjà fait !

« Le tour du monde du roi Zibeline », Jean-Christophe Rufin, Gallimard, 384 pages.

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