
« Cave 72 » est sans doute le dernier livre au programme de cette rentrée littéraire dont je vous parlerais ici. Lauréat du Prix Voix d’Afriques 2021, il m’avait particulièrement intrigué. Ma connaissance des littératures africaines étant assez limitée, je suis ravi d’avoir l’occasion de vous le présenter.
Cave 72 est le nom d’un bar de rue à Brazzaville où ont l’habitude de se retrouver quatre jeunes Congolais. Là, ils passent leur temps à refaire le monde en buvant des bières et en regardant les passantes. Mais un jour, ils vont se retrouver piégés dans un complot politique impliquant un ancien ministre. Parfaits boucs émissaires, l’injustice de l’arrestation de ces prétendus terroristes communistes va entrainer un soulèvement du peuple.
« Cave 72 » est une très belle découverte. Le roman parvient à aborder des thématiques très sérieuses avec une touche comique. Ainsi, les situations aussi bien que des personnages confèrent au livre une profonde dimension satirique. La maladresse, la malchance ou tout simplement la bêtise des exécuteurs de basses œuvres en feraient presque oublier les thèmes de la corruption, de la désillusion de la jeunesse et des sombres intrigues politiciennes qui sont abordés par Fann Attiki. En nous entrainant dans les coulisses peu reluisantes du pouvoir, il nous dépeint un dictateur, ou plutôt un « Guide providentiel » d’un cynisme impressionnant. S’il a bien précisé s’être inspiré de différents dirigeants africains pour constituer cette caricature inquiétante de chef suprême, on ne peut s’empêcher d’y voir une allusion au président Sassou-Nguesso, au pouvoir au Congo depuis 1997. Un mot pour terminer sur la plume enlevée de l’auteur, ancien slameur, qui parvient à nous emporter dans son récit et à nous faire ressentir le foisonnement et la diversité des différentes couches de la société congolaise qui composent Cave 72.
« Cave 72 », Fann Attiki, Lattès, 256 pages.
