
Je vous ai déjà parlé dans ma publication sur « La Trilogie Berlinoise » de mon amour pour Philip Kerr. Mais je crois que cette passion a eu quelques effets secondaires, notamment de développer chez moi un goût pour cette période et pour les polars qui s’y déroulent. Ou alors peut-être simplement que c’est ma passion pour l’histoire qui a engendré ce goût pour Philip Kerr! Bref, laissons de côté ces histoires d’œuf et de poule et venons-en à ce roman policier.
« Derniers jours à Berlin » est le troisième épisode des aventures de l’ancien commissaire -juif- Oppenheimer. Avec la montée du nazisme, il a été obligé d’entrer de plus en plus profondément dans la clandestinité. En 1945, alors que l’armée soviétique se rapproche de Berlin, il se terre avec sa femme Lisa dans un abri, en attendant la capitulation du troisième Reich. Mais bientôt, dans la chaos général, Lisa se fait violer par un déserteur de l’armée soviétique. Dans sa quête pour le retrouver et se venger, Oppenheimer va se rendre compte que l’individu intéresse beaucoup de monde. En cause, une certaine mallette, au contenu explosif.
Harald Gilbers nous propose une vision très réaliste du Berlin sous les bombes et la menace soviétique. Le récit est très documenté notamment en ce qui concerne la (sur)vie de la population civile, entre difficultés pour se nourrir, crainte des bombardements et surtout les exactions commises pour les troupes soviétiques. Il nous propose une fine analyse des rôles et rapports entre Soviétiques, Allemands et Américains, dans une préfiguration de la guerre froide à venir et sa course au recrutement et à la récupération des savants nazis et de leurs travaux scientifiques. Le livre vaut d’ailleurs plus pour toutes ces évocations historiques que l’enquête d’Oppenheimer, un brin poussive et qu’on laissera volontiers en arrière-plan.
« Derniers jours à Berlin », Harald Gilbers, 10-18, 552 pages
