« Black Manoo », Gauz

Huitième (déjà !) titre sélectionné pour le Prix du meilleur roman des lecteurs Points 2022. Je crois que j’ai publié mes chroniques dans le désordre 😁 ! On s’approche du vote final puisqu’il devrait y avoir 9 ou 10 livres en compétition. Quelques mois après mon départ de mon Paris natal vers le Loir et Cher, « Black Manoo » est l’occasion d’un retour aux sources.

Paris, dans les années 90. Après plusieurs échecs, Black Manoo, junkie ivoirien, parvient à débarquer, faux visa en poche. Plein d’images idylliques sur sa destination, il va vite déchanter. Contraint de vivre de squat en squat, il va y découvrir Belleville et les quartiers multiculturels de la capitale. En marge de la société, entre rituels et petits boulots, joie et déboires, il va tenter de s’y enraciner.

Le roman nous emporte avec lui pour suivre le parcours de Black Manoo. On prend plaisir à le voire tracer sa route, de galère en galère, multipliant les rencontres toutes plus hautes en couleurs les unes que les autres. Avec lui se dévoile un Paris invisible, en dehors des sentiers battus, dans lequel la débrouille et la solidarité sont de rigueur pour faire face aux rigueurs de la vie des sans-papiers. Le parcours de Black Manoo se dévoile page après page, modifiant l’éclairage du personnage et sa perception par le lecteur. Le roman est porté par la plume impressionnante de Gauz et ses phrases alertes et ciselées, pleines de verve. Il porte un regard amusé sur les différents quartiers de la capitale et ses différents habitants, de « Marabout-Bakar », qui garantit la réussite du voyage du héros grâce à argent, bague et mouton, en passant par Lass Kader, le dealer qui contrebalance ses activités en tentant de les désintoxiquer, les Tlenteulos, prostituées chinoises de Belleville, ou encore Karol et son statut particulièrement privilégié de « mère isolée d’enfants nés français » qui lui garantit un HLM. Une belle galerie de personnages pour un livre fascinant.

« Black Manoo », Gauz, Points, 160 pages.

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