
Parmi les différents livres que j’ai pu recevoir pour le prix Orange du livre 2022, en voici un qui ne payait pas particulièrement de mine de prime abord. Et pourtant une fois entamé, impossible de m’arrêter. Je vous présente donc aujourd’hui un de mes gros coups de cœur de cette pré-sélection !
Quand Malek, 17 ans, rencontre Atiq, jeune Afghan en exil, à la recherche de son frère qu’il veut empêcher de se faire justice contre les Américains, il cède à l’envie d’aller voir le monde de ses propres yeux. En route vers Tanger, il rencontre Kathleen, Londonienne dont il tombe amoureux et dont le père, humanitaire, a disparu à son retour d’Afghanistan. Paris, Kaboul, Grenade, Oran, Le Caire. C’est la même histoire que Malek se raconte et s’entend raconter, celle d’un ailleurs fantasmé qui n’existe plus ou qui n’a jamais existé.
« Qu’est-ce que j’irais faire au paradis » est une vraie claque. Le lecteur repose le livre un peu hébété et sonné. Pour un premier roman, l’ouvrage de Walid Hajar Rachedi est impressionnant de maîtrise. Il est axé sur la difficile quête d’identité du narrateur, cas typique du jeune issu de l’immigration, comme on les appelle communément. Pris entre ses racines familiales et son présent, entre l’Islam et ses dérives, il tente de se construire et de trouver sa place dans la société.
Car, comme le dit si bien l’auteur, « Les Arabes n’existent pas. Enfin pas comme on se le figure en France : des gens faits d’une seul bloc, d’un seul visage, d’une seule langue, d’une seule opinion. […] L’Islam n’a pas de nationalité et n’a pas effacé l’âme des peuples sur son passage, tous les Arabes ne sont pas musulmans, le plus grand pays musulman n’est pas arabe. »
Le livre permet à l’auteur de dresser une analyse géopolitique d’une grande finesse de l’Afghanistan, pays privé de son destin par les invasions successives étrangères et qui reste le symbole des affrontements entre Orient et Occident.
Le périple de Malek constitue un voyage initiatique et spirituel passionnant qui n’est pas sans rappeler « L’alchimiste » de Paulo Coelho, avec lequel le livre semble assumer clairement une filiation. Sa quête va également prendre une dimension amoureuse avec la rencontre d’une jeune anglaise qui va l’aider à y voir plus clair en lui.
L’ensemble constitue un texte superbement écrit, capable de susciter un éventail très varié d’émotions chez le lecteur face à des situations tout à tour tragiques, mélancoliques, pleines de poésie, non dénuées d’une pointe d’humour. Le tout magnifié par un final en apothéose.
Une expérience marquante qui saura captiver le lecteur et lui donnera matière à réfléchir !
« Qu’est-ce que j’irais faire au paradis ? » Walid Hajar Rachedi, Emmanuelle Collas, 304 pages

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