
Quelques heures après la seconde délibération du prix Orange du livre 2022, nous continuons notre tour d’horizon de l’univers des différents jurés-auteurs. Après Jean-Christophe Rufin, président du jury, Salomé Baudino et Lilia Hassaine, place aujourd’hui à Florent Oiseau.
Fred, la petite quarantaine, surfe sur l’écume des jours. Après des années à enchaîner jobs alimentaires et périodes de chômage, il a renoncé à faire carrière. Il passe désormais ses journées à dormir, manger des Knacki devant les émissions de Sophie Davant et boire des demis au bistrot du coin en attendant l’amour. Jusqu’au moment où il découvre qu’il arrive en fin de droits, et que ses maigres allocations disparaîtront bientôt. Il n’a plus le choix : il doit s’y mettre. Un emploi salarié ? Il n’en trouvera pas. Mais des ennuis, oui. Fred, par paresse ou naïveté, a une fâcheuse tendance à se laisser glisser dans les embrouilles…
« Je vais m’y mettre » est un roman assez improbable. Il aborde des thèmes, le chômage et la fin de droits, qui feraient de très bons éléments de romans noir, mais son traitement en fait un livre totalement loufoque. Avec son héros, Fred, un looser magnifique, le lecteur découvre (pour ceux qui l’ignoraient) le potentiel érotique de Sophie Davant, les meilleurs mariages entre les mets (les knackis avec les pâtes, le poisson pané avec le riz), les bons tuyaux pour devenir un proxénète efficace mais surtout les meilleurs moyens de ne rien faire, matière dans laquelle le narrateur excelle tout particulièrement. L’ensemble est très drôle, parsemé de réparties de de parenthèses grinçantes façon balles perdues parfois totalement gratuites. À se demander si une telle maîtrise de son sujet de la part de l’auteur ne cacherait pas dans ce roman une petite part autobiographique 😁!
« Je vais m’y mettre », Florent Oiseau, Pocket, 192 pages.
