27 août 1934, au Centre d’éducation surveillée de Belle-Ile-en-Mer. La révolte a éclaté au moment du dîner. 56 enfants ont fait le mur pour tenter de fuir un enfer dans lequel ils vivent parfois depuis plusieurs années. Toute l’île est sur leurs traces car une prime de vingt francs est offerte à quiconque capturerait un fugitif. En quelques heures, tous seront retrouvés et ramenés dans leurs cellules. Tous ? Non : aux premières lueurs de l’aube, un évadé manquait toujours à l’appel.

En se basant sur une histoire tragiquement vraie, Sorj Chalandon nous immerge dans la tête de cet évadé manquant. La première partie qui nous fait partager son quotidien dans le Centre est particulièrement dure. On mesure bien à quel point la maltraitance est généralisée, et en même temps totalement banalisée. Et si certains enfants méritent clairement leur place, d’autres ont simplement eu le malheur d’être au mauvais endroit au mauvais moment. On mesure bien la violence qui habite le narrateur tout au long de son parcours. Violence qu’il va devoir tenter de canaliser pour accepter de l’aide suite à son évasion. « L’enragé » est un roman très fort, qui fait passer le lecteur, par un tourbillon d’émotions.

Un livre à ne pas rater.

« L’enragé », Sorj Chalandon, Grasset, 240 pages.