
Janvier 1917. La guerre s’enlise tandis que l’arrière s’épuise. À 19 ans, Rosalie sort de pension. Elle étouffe dans une vie confinée dans le château familial auprès d’une mère rigide, Isaure, qui a pris la tête du domaine viticole depuis le départ au front de son mari et de son fils. Une nuit d’orage, un homme sonne à la porte, il demande asile avant de tenter le passage vers l’Espagne toute proche. Autrefois, ce jeune peintre talentueux était reçu au château, mais désormais c’est un déserteur que la maîtresse de maison met sèchement à la porte. Quelques heures plus tard, sa fille le cache au grenier, saisie de compassion devant ce fugitif aux abois. C’est le début d’un huis clos prenant où alternent les points de vue des protagonistes tiraillés par leurs dilemmes, leurs désirs, leur urgence.
« L’homme de l’orage » est le très beau roman de la construction, du passage à l’âge adulte et de la découverte du désir et de l’amour. Le roman met en scène des personnages tout en nuances, particulièrement bien croqués. Porté par l’écriture superbe de Gaelle Nohant, l’intrigue parvient à nous tenir en haleine une économie de moyens et d’action. Elle nous emporte et nous fait réfléchir à la place des femmes pendant la guerre mais aussi après la guerre, avec un retour au foyer difficile à concevoir pour des femmes qui ont profité du conflit pour s’émanciper. Un superbe livre.
« L’homme sous l’orage », Gaelle Nohant, L’iconoclaste, 348 pages.
