
Un des mes grands plaisirs, en lecture et dans mon métier de bibliothécaire, c’est de dénicher des perles un peu en dehors des sentiers battus. Et si évidemment je peux vous en parler ensuite, c’est encore mieux. Malgré un voyage dans les pays baltes il y a quelques années, je ne connaissais pas du tout la littérature estonienne. Alors quand je suis tombé sur ce livre en farfouillant (dans le jargon de bibliothécaire, on parle de butinage) à la librairie, je me suis dit qu’il étant temps que ça change.
Nous partons donc pour l’Estonie, au Moyen-Age, pour y suivre la vie ordinaire d’un village ordinaire. Ou presque. Car très vite, on se rend compte que tout ne fonctionne pas tout à fait normalement. Le vol et les duperies semblent être érigé en grand principe et idéal de vie, résultat, l’activité principale des villageois semble être de piller le manoir du baron propriétaire des terres, mais aussi tant qu’à faire les possessions des voisins. Pour cela, tous les moyens, tous les coups fourrés sont bons. Et pour ne rien arranger question normalité, on croise dans ce village des kratts (créatures volantes façonnées à partir de vieux objets et destiner à rapport de l’argent ou de la nourriture à leurs maîtres), des démons et autres apparitions, des revenants et même le Vieux-Païen (le diable en personne). Vous l’aurez compris, pas le temps de s’ennuyer en lisant « Les groseilles de novembre ». J’ai eu un gros coup de cœur pour ce livre si singulier qui s’avère en plus d’être très dépaysant vraiment drôle. Sous le couvert de simples chroniques villageoises traditionnelles, Andrus Kivirakh nous propose de nous plonger dans les légendes païennes estoniennes et leur folklore. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles sont hautes en couleur ! Tout comme le sont d’ailleurs les différents personnages que l’on va croiser, du sage granger au valet benêt, de l’intendant des récoltes qui semble faire de la cupidité son sacerdoce au couple de vieux qui tente désespérément de faire fortune et que à qui tout le monde joue des tours, sans oublier le malade qui croit éloigner physiquement la maladie en s’imbibant de vodka… On s’attache à cette communauté pour le moins insolite et on la quitte avec tristesse une fois le livre refermé.
Un vrai bijou que ces chroniques pleines d’absurdité et matinées de fantastique que je vous recommande les yeux fermés. Vous ne serez pas déçus !
Vous avez aimé ? L’univers d’Andrus Kivirakh est si particulier que le seul titre qui me vient à l’esprit à vous conseiller est « L’homme qui savait la langue des serpents »… d’Andrus Kivirakh !
« Les groseilles de novembre », Andrus Kiviräkh, Le Tripode, 290 pages.

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