« Les matins de Lima », Gustavo Rodriguez

Quand j’ai eu envie de découvrir la littérature péruvienne (le Pérou me fait rêver depuis très longtemps déjà), je me suis tout naturellement tourné vers Mario Vargas Llosa. Mais après avoir lu successivement « La fête au bouc » et « Aux cinq rues, Lima », j’ai ressenti le besoin d’avoir un autre point de vue, un autre regard pour poursuivre mon exploration. C’est ainsi que j’ai commencé « Les matins de Lima », sixième roman (mais le premier traduit en français) de Gustavo Rodriguez, auteur reconnu dans son pays.

Nous suivons Trinidad Rios ; jeune métisse de trente ans, dont la vie, au gré des circonstances, s’est résumée à un combat pour survivre. Dans la jungle tout d’abord, devant travailler dans les mines de mercure, à travers le Pérou ensuite quand devenue orpheline, elle a dû traverser le pays pour s’inventer un avenir, et enfin survivre à la maladie qui la ronge. Mais pour cela, elle va avoir besoin de son père, un chanteur sur le retour, lui aussi marqué par la vie, qui vivote en reprenant les tubes des Bee Gees dans des bars. Ce père qu’elle n’a jamais connu et dont elle craint plus que tout le rejet acceptera-t-il de l’aider ?

Derrière cette question se cache un récit polyphonique, leurs histoires ainsi que celles de leurs proches se croisant et s’entrecroisant pour nous donner à contempler tout un pan de la société péruvienne actuelle. Celle-ci est marquée par la persistance des préjugés et de l’iniquité même si des motifs d’espoir commencent à apparaître. Trinidad et Daniel apparaissent bien différents l’un de l’autre mais on ressent un même attachement à leur égard. Elle en monument de courage et d’abnégation dont le destin en a fait l’incarnation de la chanson Staying Alive si chère à son père. Lui en chanteur un peu pathétique dans la vraie vie mais qui se transforme une fois un micro dans les mains, multipliant les conquêtes grâce à son charme magnétique mais finalement perdu dans sa quête désespérée de reconnaissance.

Un superbe roman porté par une écriture très fine qui procède par petite touches pour nous dévoiler les différentes facettes de cette comédie aux airs malgré tout un peu tragiques.

Vous avez aimé ? Pour poursuivre votre exploration de la littérature péruvienne sans passer par l’inévitable case « Mario Vargas Llosa », n’hésitez pas à vous lancer dans « Ayacucho », d’Alfredo Pita, “Le” roman de la violence péruvienne des années 80 et 90.

« Les matins de Lima », Gustavo Rodriguez, Éditions de l’Observatoire, 267 pages.

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