
J’avais repéré ce livre lors de sa parution prévue en mars dernier et l’avais même intégré parmi les sorties de la semaine. Avec le confinement, sa parution a finalement été décalée et le livre s’est donc retrouvé une seconde fois dans la sélection des sorties de la semaine. Alors quand Babelio m’a proposé de le chroniquer, j’ai senti que les éléments avaient décidé qu’il fallait que je vous en parle.
Veronica a 17 ans et un avenir prometteur. Élève populaire et brillante, elle est en passe d’être désignée major de sa promotion et d’intégrer une université prestigieuse. Mais tout bascule quand elle découvre qu’elle est enceinte. Problème, alors qu’elle ne se sent pas prête à être mère, l’avortement dans son État nécessite l’accord de ses parents. Sa seule solution est donc de se rendre dans une clinique dans un autre État, à 1627 kilomètres de distance. Et la seule qui pourra l’aider est son ancienne meilleure amie, Bailey, une punkette haute en couleur. C’est le début d’un grand périple sur les routes américaines.
Parler d’avortement dans un roman jeunesse est quelque chose d’assez peu commun et de courageux. Mais le moins que l’on puisse dire c’est que les auteurs ont su parfaitement trouver la bonne distance pour un résultat très convaincant. On se laisse véritablement happer par l’histoire. Les personnages s’avèrent au départ assez caricaturaux : notamment Veronica en intello populaire et Bailey en punk anticonformiste. Mais elles se révèlent toutes les deux plus complexes et profondes, à mesure qu’elles s’ouvrent petit à petit l’une à l’autre, mais aussi à elles-mêmes. Et nous voilà embarqués dans un road trip survitaminé sans temps morts, où les surprises et les rebondissements ne nous laissent pas une seconde pour nous ennuyer. En filigramme on s’interroge, en même temps que Veronica et Bailey, sur la liberté et l’amitié, notamment l’image qu’on peut donner de soi à l’ère de l’hyper-communication et des réseaux sociaux. Enfin, l’avortement, au cœur même de l’intrigue, est traité de manière fine, sans excès ni pathos démesuré, mais sans non plus dévaluer un acte malgré tout loin d’être anodin pour Veronica.
Un vrai coup de cœur pour un livre à la fois intelligent et déjanté, car oui il est visiblement possible de les concilier !
Vous avez aimé ? N’hésitez pas à prolonger votre lecture avec le superbe roman graphique « Simone Veil, l’immortelle », de Pascal Bresson, dont je vous ai parlé ici, qui raconte notamment les combats menés pour obtenir le droit à l’avortement en France.
« Missouri 1627 », Jenni Hendriks et Ted Caplan, Bayard jeunesse, 365 pages.
