
Voici un roman qui m’intriguait tout particulièrement tant il semblait mélanger les genres te s’attacher à une période historique mais aussi géographique auxquelles je n’avais que très peu été confronté. J’étais également curieux de découvrir comment un français, comme son héros, pouvait rendre compte d’évènements et de cultures qui demeurent relativement méconnus au-delà des frontières nordiques.
Le roman d’Olivier Truc nous emmène au 17ème siècle du pays asque à la Laponie. Il suit le parcours d’Izko qui, bien que rêvant de devenir chasseur de baleines comme son père, va embrasser une carrière d’espion pour le cardinal de Richelieu. Après avoir étudié la cartographie à Lisbonne et à Stockholm, il va explorer le nord du pays, appelé les indes boréales. Là-bas, les Suédois espèrent trouver de l’argent pour financer les guerres tout en tentant, par la force si nécessaire, de convertir la population lapone au protestantisme. Izko devra endure mille aventures, le cachot, la roture, mais aussi frôler la mort pour trouver sa liberté, mais aussi les réponses à ses questions au milieu des rivalités politiques et économiques de son temps.
« Le cartographe des indes boréales » est un livre assez difficile à classer. Il se situe aux confins du récit d’aventure, d’exploration et du roman historique. Il est à la fois très exigeant et dense mais en même temps fascinant. On sent bien le gros travail de documentation d’Olivier Truc, grand connaisseur des cultures nordiques. Malgré quelques longueurs, l’intrigue parvient à nous tenir en haleine tout au long des 700 pages du livre. Elle comprend son lot de rebondissements mais alterne avec des passages assez lents, notamment dans la description des paysages lapons qui parviennent à nous immerger dans cet univers particulièrement inhospitalier. L’évocation de l’intolérance des dirigeants religieux suédois et de la véritable chasse aux sorciers lapons afin d’éradiquer leurs croyances et les amener au protestantisme est saisissante et en même temps on l’imagine bien glaçante de réalisme. Les persécutions religieuses y apparaissent malheureusement totalement intemporelles et pas propre à une religion en particulier. Un livre à la croisée des chemins qui impose au lecteur de suivre son rythme. Cela a bien fonctionné avec moi, mais cela ne sera pas forcément le cas pour tout le monde.
« Le cartographe des indes boréales », Olivier Truc, Points, 744 pages.