Cet été, j’ai profité des vacances pour emporter tous les livres que j’ai pu amasser au cours de l’année en me disant qu’il faudrait que je leur laisse leur chance. Quitte à les redéposer dans une boîte à livres au bout de 100 pages. Cela n’a pas été le cas pour « Immortelle randonnée » qui a réussi à transformer l’essai.

Le livre nous fait suivre la randonnée de l’écrivain sur les routes du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle. Ce parcours de 800 kilomètres l’a emmené dans le nord de l’Espagne, du Pays Basque à la Galice. Au-delà d’une randonnée, ce fut surtout pour Jean-Christophe Rufin l’occasion d’un voyage et de rencontres marquants, aussi bien sur le plan personnel que spirituel.

« Immortelle randonnée » nous offre un récit à la fois drôle et profond du parcours de l’écrivain. Le lecteur prend plaisir à le suivre à travers des paysages sauvages magnifiques mais aussi parfois totalement déprimants. En effet, le chemin recèle son lot de nationales à longer et de bretelles autoroutières et de banlieues industrielles à traverser. L’écriture de Jean-Christophe Rufin toujours aussi agréable à suivre. Elle est pleine de dérision, aussi bien vis à vis des personnes hautes en couleurs qu’il a pu croiser (pèlerins comme habitants des villages traversés), mais surtout vis à vis de lui-même et des mésaventures qu’il va pouvoir rencontrer. Car cette randonnée, dont il a du mal à expliquer les raisons profondes qui l’ont motivé à entreprendre, va le transformer, le temps d’un été, en clochard céleste. La dimension spirituelle n’est évidemment pas absente. Mais au cours de son parcours, l’auteur en arrive à la conclusion que son parcours ne peut pas être réduit à un simple pèlerinage chrétien. « Il relève plutôt d’une spiritualité plus abstraite et générale qui met le moi en résonnance avec la nature et délivre des tourments de la pensée et du désir. Et ainsi, il arrive à conclusion suivante, « je ne cherchais rien, et je l’ai trouvé. »

« Immortelle randonnée », Jean-Christophe Rufin, Gallimard, 277 pages.