
Voici aujourd’hui le 17ème des 20 titres en course pour le prix Orange du livre 2022. À une semaine de la dernière délibération visant à désigner les 5 finalistes, je suis dans les temps !
En 2010, le jeune soldat Bradley Manning est accusé d’avoir divulgué des documents classés secret-défense, révélant d’importantes bavures de l’armée américaine. Il risque alors la prison à perpétuité. Qui se souvient aujourd’hui d’Adrian Lamo, l’homme qui l’a dénoncé ? Hacker hors pair, Adrian Lamo est une légende dans son domaine. Mais le génie adulé, l’insolent vagabond, s’isole progressivement. Happé par les univers parallèles dont il se fait l’architecte, Adrian Lamo s’extrait peu à peu de la vie. Il perd dangereusement le fil du réel, entraînant dans sa chute ceux qui l’admiraient.
« L’homme sans fil » est un livre intéressant qui nous fait découvrir un univers, mais également un personnage, assez fascinant. Sa construction est bien pensée. Elle croise les regards des différents personnages qui ont pu côtoyer Adrian Lamo, mais aussi les temporalités de son existence, deppuis ses coups d’éclats de jeune hacker jusqu’à son rôle dans l’arrestation du jeune soldat Bradley Manning. Ainsi, Alissa Wenz nous permet de mieux le cerner et de tenter de le comprendre, bribe par bribe, et de rentrer dans sa tête. Une gageure tant le personnage, profondément marqué par la vie, qui souhaite accéder à une certaine visibilité, lutter contre l’injustice et corriger les failles du système, est déroutant. Le sujet est intéressant te très actuel puisqu’il permet une réflexion, dans la lignée de l’affaire Wikileaks, sur la surveillance globale des activités en ligne et les différents intérêts qui ont pu s’opposer au moment du dévoilement des données piratées. Pour autant, le récit a peiné à m’emporter avec lui, ne suscitant pas de grande émotion vis-à-vis de son anti-héros. Une relative déception du coup.
« L’homme sans fil », Alissa Wenz, Denoel, 272 pages.