
Direction une station-service le long d’une autoroute, une nuit d’été. Il est 23h12. Ils sont 15 à se croiser sur place, à condition de compter le cheval ainsi que le cadavre caché à l’arrière d’une des voitures. Comment en sont-ils arrivés là ? C’est ce qu’Adeline Dieudonné va nous expliquer dans ce roman moderne et incisif. Composé avec des allers-retours entre le présent et le passé de chacun des personnages, il est très rythmé et se laisse lire d’une traite. La multiplication des angles de vue de la même scène nourrie des informations successivement emmagasinées auprès de tous les protagonistes rend l’ensemble particulièrement dynamique. Comme si l’autrice alternait arrêts sur image et flash-backs permettant de mieux connaître et comprendre les personnages. L’ensemble est tour à tour drôle, profond, poignant et même acide par moment. On pourrait continuer un bon moment à accoler les qualificatifs tant Adeline Dieudonné parvient à casser les codes et jouer avec les émotions des personnages, mais également du lecteur. En un mot, ou presque, ça sonne terriblement, et superbement juste !
« Kérozène », Adeline Dieudonné, L’Iconoclaste, 257 pages.