
La famille de Firuzeh et de son petit frère Nour décide de quitter l’Afghanistan pour tenter de trouver refuge en Australie. Pour les enfants, le quotidien se résume d’abord à se disputer, écouter les histoires de leur mère et essayer de se faire des amis dans le camp de fortune où ils se retrouvent parqués après leur traversée des mers. Mais alors que les jours succèdent aux jours, que les réfugiés sont soumis aux brimades des gardes et que les adultes trouvent refuge dans les médicaments, Firuzeh comprend que l’enfance touche à sa fin. Mais elle n’est encore qu’au début de son voyage.
« L’Odyssée de Firuzeh » est un très beau livre que le lecteur traverse avec une profonde tristesse devant la situation de cette famille qui semble ne pas s’en sortir. Firuzeh apparait comme une petite fille contrainte de grandir trop vite et qui tente tant bien que mal de se construire dans une famille où les filles ne doivent pas se faire remarquer. Pour ne rien simplifier, elle doit également jouer un rôle d’aînée qui doit assister et soutenir ses parents, tout en devant digérer un déracinement total. Elle est encore jeune mais a déjà beaucoup (trop) de clés pour comprendre cet environnement difficile.
L’écriture de E. Lily Yu est superbe et parvient très bien à nous immerger à hauteur d’enfant dans un sujet loin d’être simple à traiter. Elle réussit à insuffler un véritable souffle de poésie à son récit grâce au regard de la jeune fille et de sa meilleure amie des fonds marins. L’utilisation des contes et mythes afghans dans les histoires racontées par les parents, mais également ensuite par Firuzeh et Nour y contribue également beaucoup. Tout comme elle permet à ces deux derniers de verbaliser leurs ressentis et de mieux se comprendre.
Le livre nous aide à mieux cerner les ressentis des migrants réfugiés et nous pousse à nous interroger sur leur sort et la manière dont ils peuvent être accueillis.
« L’Odyssée de Firuzeh », E. Lily Yu, L’Observatoire, 293 pages.