« All clear” est le deuxième tome et dernier de la série Blitz de Connie Willis, romancière américaine multi-primée dans le domaine de l’imaginaire. Je vous avais déjà présenté ici le premier tome, « Black Out ». En général, je ne vois pas trop l’intérêt de chroniquer une suite quand la première partie a déjà fait l’objet d’une chronique. Cependant, je vais faire une exception ici, vous comprendrez bientôt pourquoi

Pris au cœur de l’un des pires raids de la seconde guerre mondiale, les historiens du futur Michael, Merope et Polly cherchent désespérément à revenir au XXIe siècle. En attendant de trouver un moyen de s’échapper, le trio tente de survivre aux bombardements et aux évacuations. Mais il y a plus grave encore : d’après les archives oxfordiennes de 2060, il semblerait que leurs interventions aient modifié le cours des événements… et la guerre pourrait bien se terminer autrement, bouleversant l’Histoire à jamais. Quelle que soit l’ampleur des sacrifices exigés, les voyageurs du futur doivent s’engager dans un combat acharné contre le temps…

“All clear”, et plus largement la série Blitz, est une sensationnelle évocation de la vie à Londres pendant la seconde guerre mondiale. La galerie des personnages et des situations vécues est saisissante de réalisme et nous transporte au cœur de la vie des habitants de la capitale rythmée par les bombardements allemands. Comme les héros, le lecteur découvre « ces années à se frayer un chemin vers l’obscurité […] les années de rationnement, de vêtements pauvres, de peur » mais aussi « «tout ce qui avait couté l’avènement [de la victoire] : la vie de tous ces soldats, marins, aviateurs et civils. ». Tous ces héros ordinaires qu’ils ont pu côtoyer, dont ils ont partagé la vie et le quotidien particulièrement difficile. Mais « All Clear », au cadre au combien réaliste, reste un livre de science-fiction avec une dimension de voyage temporal prépondérante. Si ses implications sont par moment un peu complexes à saisir, elle rend l’intrigue extrêmement addictive au fur et à mesure que les personnages, et le lecteur avec eux, comprennent les implications de leurs actions sur le continuum historique. Les personnages de leur côté sont très réussis et attachants. Les situations sont par moment véritablement poignantes et la narration parfaitement au point. Bien sûr le livre n’est pas exempt de tout reproche, avec notamment quelques longueurs et des changements de personnages déroutants. Mais il est terriblement prenant et mérite définitivement que l’on s’y plonge sans avoir peur de la taille de ses deux tomes, et même sans être amateur de science-fiction.

« All clear », Connie Willis, Bragelonne, 720 pages.