« Un fauteuil sur la Seine », Amin Maalouf

« Un fauteuil sur la Seine », Amin Maalouf, couverture du livre, mangeurdelivres.wordpress.com

Ma grand-mère a plus de 95 ans et vit maintenant en maison de retraite. Pour reprendre ses propres mots, le seul plaisir qu’il lui reste (hormis chocolats et gâteaux), ce sont les livres. Alors très régulièrement je l’approvisionne avec les derniers ouvrages que j’ai sélectionnés pour elle. Il y a quelques temps je lui avais offert celui-ci, me doutant bien qu’elle aller accrocher. Ce dont je me doutais moins, c’est que ce soit elle ensuite qui m’en prescrive la lecture ! 

Après avoir été élu au 29ème fauteuil de l’Académie française, Amin Maalouf a été obligé de réfléchir à son discours de réception. Celui-ci doit, selon un rituel bien établi, faire l’éloge de son prédécesseur (en l’occurrence Claude Lévi-Strauss). Mais de fil en aiguille, il a eu la curiosité de s’intéresser à tous ceux qui l’avaient précédé sur ce fauteuil et avec qui il se sentait lié par une certaine filiation morale. « Un fauteuil sur la Seine » retrace la vie et le parcours de ces 18 personnages. 

Au travers de la succession de ces portraits, ce sont quatre siècles de l’histoire de France qui défilent sous nos yeux, de la fondation de l’Académie en 1634 à nos jours. Si la célébrité de certains de ses personnages (Claude Lévi-Strauss, Henri de Montherlant, Ernest Renan…) n’est plus à établir, un certain nombre d’entre eux, sont, avec le temps, retombés dans l’anonymat (Nicolas Bourbon, François de Virelade, Jean-François Cailhava…). Amin Maalouf laisse une place équivalente à chacun, sans jamais déprécier ou idéaliser à outrance leur parcours ou leur personnalité, tentant de conserver un œil d’historien impartial malgré la certaine affection que le lien qui le rattache à ses prédécesseurs lui fait éprouver. Chaque personnage, indépendamment de sa place ou de son rôle historique constitue un témoin d’une époque particulière qui s’insère dans l’histoire globale de l’Académie Française mais à travers elle de la France dans son ensemble.

Un très beau livre. Je remercie ma grand-mère de me l’avoir fait lire à mon tour !

Vous avez aimé ? Si l’Académie Française vous intéresse, je vous propose de découvrir « Lettres à l’Académie française », de Christophe Carlier. L’usage impose à tout candidat d’écrire au Secrétaire perpétuel pour formuler sa demande et tenter de plaider sa cause. L’ouvrage nous propose les plus belles lettres, des gloires de l’institution mais aussi des nombreux refusés, célèbres comme parfaits inconnus !

« Un fauteuil sur la Seine », Amin Maalouf, Grasset, 336 pages.

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