
Avant dernier titre de la sélection du prix Orange du livre 2022 qu’il me restait à vous présenter. Et une photo assez difficile à faire en cette saison 😁 !
Raphaëlle est garde-forestière. Elle vit seule avec Coyote, sa chienne, dans une roulotte au cœur de la forêt du Kamouraska, à l’Est du Québec. Elle côtoie quotidiennement ours, coyotes et lynx, mais elle n’échangerait sa vie pour rien au monde. Un matin, Raphaëlle est troublée de découvrir des empreintes d’ours devant la porte de sa cabane. Quelques jours plus tard, sa chienne disparaît. Elle la retrouve gravement blessée par des collets illégalement posés. Folle de rage, elle laisse un message d’avertissement au braconnier. Lorsqu’elle retrouve des empreintes d’homme devant chez elle et une peau de coyote sur son lit, elle comprend que de chasseuse, elle est devenue chassée. Mais Raphaëlle n’est pas du genre à se laisser intimider. Aidée de son vieil ami Lionel et de l’indomptable Anouk, belle ermite des bois, elle échafaude patiemment sa vengeance.
« Sauvagines » est un roman surprenant. D’abord par son écriture québécoise qui perd un peu le lecteur de prime abord. Mais au bout d’un moment, il commence à en faire abstraction et se dispense des fastidieux allers-retours jusqu’au lexique de fin d’ouvrage. Le rythme du livre est assez lent, parfois contemplatif, tout à fait adapté à cette forêt et ses habitants (animaux comme végétaux) que nous découvrons dans le sillage de Raphaëlle. Avec une plume pleine de poésie qui nous emporte avec elle, Gabrielle Filteau-Chiba parvient à nous la faire véritablement ressentir, comme une entité vivante dans son ensemble indépendamment de ses composantes. Avec Raphaëlle, on mesure l’action terrible des hommes sur la nature qu’elle essaye désespérément de défendre, mais aussi tout ce qui peut la menacer. Quand le poids économique de la braconnerie et de la trappe devient supérieur à l’intérêt de la préservation de la faune et de la flore, le lecteur réalise à quelle point la société perd la tête et se dit que peut -être que tous les moyens sont bons pour la préserver en définitive. Une histoire profonde et émouvante.
« Sauvagines », Gabrielle Filteau-Chiba, Stock, 368 pages.